Ce n’est pas franchement la rencontre à laquelle on s’attend en pleine ville. Austin, capitale du Texas et de la musique live, est aussi un repaire de luxe pour chauve-souris mexicaines en cloque et offre, tous les soirs de mi-mars à début novembre, un spectacle fascinant.
On est allé voir sur place, à l’aide de deux frenchies installés là-bas. Cécile et Cyrille nous récupèrent à notre motel à South Congress et nous partons, à pied, vers le fameux Congress Bridge. Fameux pourquoi ? Il abrite la plus grand colonie urbaine de chauve-souris au monde, avec 750 000 à 1,5 million chauve-souris molosses venues du Mexique (Tadarida Brasiliensis) pour se reproduire.
Depuis le début des années 1980
Quand la ville a reconstruit le pont au début des années 1980, jamais elle n’aurait pensé que cela allait représenter la plus parfaite des bat-caves. D’année en année, les chauve-souris se multipliaient aussi vite que les pétitions pour les éradiquer. Sauf que certaines assos ou institutions (dont le Bat Conservation International) ont mené un combat d’avant-garde, expliquant tout le bien-fondé de la présence des petits mammifères. D’abord, il n’y a rien à craindre. Mieux, les bats d’Austin participent à un équilibre écologique. Dans une région où l’on dit que les moustiques font la taille d’une orange, chaque nuit, les molosses s’envoient 1800 tonnes d’insectes par an, dont certains néfastes pour les cultures.
Et le tourisme, créateur d’emplois, s’est développé autour de leur présence (100 000 personnes par an, 10 millions de dollars de revenus selon certaines sources). Le journal local « The Austin American-Statesman » a créé, sur le quai, juste en dessous de son siège, une plateforme d’observation (the Statesman Bat Observation Center) où nous nous retrouvions en cette belle soirée du mois d’août.
Depuis la terre ou depuis l’eau ?
L’endroit est paisible. Une grosse trentaine de minutes avant le coucher du soleil, tout le monde est installé, soit sur le pont (bon spot, mais attention à la sortie des chauve-souris… ou aux voitures), soit sur la pelouse de l’observatoire. Certains ont pris des couvertures pour poser leur royal séant, d’autres du ravitaillement. Au pire, un vendeur ambulant propose de quoi se rafraîchir.
Sur l’eau, les « bateaux à chauve-souris », les paddles, les pédalo-cygnes attendent aussi le spectacle. On a de la chance, août est la meilleure période. En effet, les femelles ont donné naissance à leur unique bébé au mois de juin et après cinq semaines, celui-ci, qui est 1/3 plus gros que sa mamounette, commence à se dégourdir les ailes. La colonie est donc plus imposante à cette moment.
Elles s’échappent en suivant le lit de la rivière
L’attente semble interminable. Tout le monde guette le pont pour observer les premiers mouvements. Deux ou trois bats commencent à tournoyer puis c’est le déferlement. Pendant plus de 30 minutes, la colonie va s’envoler, suivant le lit de la rivière. Les gratte-ciels de downtown en fond, le ciel virant à l’orange et le nuage noir d’où s’échappent de petits cris stridents caractéristiques. Un moment vraiment à part.
L'info de Roadie
Il peut arriver, rarement, que les bats ne sortent pas. Souvent en raison d’un orage. Ou alors qu’elles sortent tard, de nuit, ou qu’elles soient moins nombreuses. C’est la nature, ce n’est pas une science exacte. N’hésitez pas à revenir.
Nous y sommes retournés quatre ou cinq fois depuis 2013 et même une fois depuis l’eau dans un pédalo cygne du meilleur effet, que vous pouvez louer le long du Lady Bird Lake. Vous pouvez aussi miser sur un kayak ou un paddle.
Ça doit être sacrément impressionnant.
Impressionnant! Hâte que tu nous en montres plus sur cette ville qu’on dit si cool!
Dès que les photos sont triées, je m’y colle. En tout cas, elle nous a fait vraiment une très bonne impression.