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Bolinas, le village « dont il ne faut pas parler »

Article rédigé le 5 octobre 2012 , mis à jour le 11 novembre 2023

A une heure de route au nord de San Francisco (Marin county, Californie) se cache un petit paradis que les habitants (1300 âmes qui se sont vues décerner le titre de « plus obtus de Californie ») tentent depuis plusieurs décennies de faire « rayer » de la carte : c’est Bolinas. Une oasis de calme, de nature, envahie par les oiseaux, donnant sur une lagune bordée de montagnes, où il fait bon manger des carottes bios, surfer, pêcher et s’adonner à la peinture. Un coin de paradis tel que les habitants, qui ont fait leur la maxime « Pour vivre heureux vivons cachés » et n’hésitent pas à appeler leur village « la République de Bolinas », déplacent ou enlèvent régulièrement les panneaux de signalisation qui y mènent.

Une tradition vieille de 40 ans (s’il y en avait un à l’entrée, il dirait sûrement « Bienvenue, merci de passer votre chemin  »). Le panneau originel (« Bolinas : 2 miles ») sur la route 1 n’est jamais resté en place plus de… 36 heures ! Si bien que les équipes de l’Equipement ont abandonné l’idée même de le remplacer. Mais il est devenu lui aussi mythique, et se décline désormais sur des articles dérivés : tasses, t-shirts, casquettes…

Figés dans le temps

On y a débarqué à l’été 2011. Pas facile à trouver effectivement, heureusement le GPS savait (vaguement) où aller. Sur la route principale, rien à voir si ce n’est quelques sculptures et des bouts de maisons qu’on devine (cossues) derrière une végétation luxuriante. Tout au bout de Wharf Road et Brighton Avenue, la plage, investie par les surfeurs et pêcheurs. Le village est divisé en deux quartiers : la Mesa (maisons à l’architecture farfelue) et Downtown Bolinas (plus « passant »). A peine une poignée d’endroits où dormir et manger (seuls le mythique Smiley’s Schooner Saloon qui n’a pas la télé et le Coast cafe). Quand même un musée (ouvert deux après-midi par semaine), quelques galeries d’art et une coopérative New-Age. Bref, un drôle de sentiment de ne pas être les bienvenus ou en tout cas de ne pas être invités à rester ! Mais aussi d’être sortis du monde.

Normal, ici, on est dans un repaire d’anciens hippies, l’un des plus mythique de Californie et l’un des seuls à être resté quasiment « en l’état ». Les hippies ont découvert ce village de pêcheurs au début des années 1970, alors qu’ils venaient y nettoyer une marée noire (la San Francisco Bay oil spill) et ne l’ont pas quitté, le gardant jalousement à l’abri des curieux (et de trop de touristes). « Il n’y aucune raison de venir à Bolinas ! » n’ont pas peur de dire les élus, tout aussi irréductibles, dans la presse. Des artistes et quelques peoples (Jefferson Airplane, Lawrence Ferlenghetti ou Richard Brautigan à la grande époque, Martha Stewart, Harmony Korine, Frances McDormand et Joel Coen plus récemment) ont réussi à y élire domicile, en achetant à prix d’or les anciennes maisons sur pilotis.

Au fait, Bolinas a même sa chanson, écrite par John Stewart, et qui résume bien l’état d’esprit de cette « République » :

« Time in Bolinas is so very small
The clock on the courthouse ain’t workin’ at all
And the Mayor of Bolinas is digging for clams
But the folks of Bolinas
They don’t give a damn »

Qui raconte un truc du genre : « Le temps à Bolinas passe vraiment vite, l’horloge sur la mairie ne marche pas, le maire creuse pour trouver des clams et les gars de Bolinas n’en ont rien à foutre… pendant ce temps, le train passe ». C’est ça Bolinas.

Bolinas a « voté » pour son amour de la nature

En 2003, une sans domicile fixe a suggéré aux habitants de Bolinas de faire reconnaître publiquement l’amour du village pour la nature, les ours, les renards et les myrtilles… La proposition a donné lieu à un référendum (dit d’initiative populaire, comme il y en a des centaines chaque années aux Etats-Unis) et a été approuvée (par 314 voix contre 152). Ce qui a donné lieu à l’apposition d’un panneau… qu’on n’a pas vu non plus !

On vous dit comment ne pas y aller

  • Voilà, démerdez-vous avec votre GPS. On a déjà des habitants mécontents au postérieur

Le coin des adresses

Pour dormir

  • Grand Hotel 15 Brighton Ave, Bolinas
  • Smiley’s Schooner Saloon and Hotel 41 Wharf Road, Bolinas. Voir ici

Pour manger

  • Coast Café « Local Seafood and Organic Produce », 46 Wharf Road, Bolinas

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